LE MANDAT DE L’EGLISE A L’ENGAGEMENT SOCIAL ET SES
IMPLICATIONS POUR LE CONTEXTE DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO

Georges Pirwoth Atido

Université Shalom de Bunia

République Démocratique du Congo

 

Contenu

Introduction

Fondement biblique à l’Engagement Social du Chrétien

Relation Entre Evangélisation et Action Sociale

Situation Sociale en République Démocratique du Congo

Etat des Lieux de l’Église en République Démocratique du Congo

La Mission de l’Église

Conclusion

Bibliographie

Introduction

J’étais affamée,
Et vous avez formé un groupe humanitaire pour discuter de ma faim.

J’étais en prison,
Et vous vous êtes silencieusement dirigé dans votre Chapel pour prier pour ma libération.

J’étais nue,
Et dans votre pensée, vous avez débattu de la dimension morale de ma nudité.

J’étais malade,
Et vous vous êtes agenouillé pour remercier Dieu pour votre bonne santé.

J’étais sans abri,
Et vous avez prêché pour moi de l’abri spirituel de l’amour de Dieu.

J’étais solitaire,
Et vous m’avez laissé seule pour aller prier pour moi.

Vous avez l’impression d’être très saint, très proche de Dieu mais je continue d’être très affamée, solitaire et j’ai froid.

Tel est le poème qu’une veuve démunie nécessiteuse a désespérément déposée au bureau de son pasteur telle que présenté par John Stott dans son livre « Decisive Issues Facing Christians Today ». [1] Ceci dénote combien le mandat social demeure un défi, surtout dans le cercle « évangélique » où le ministère holistique ou social est parfois perçu comme une déviation ou même une trahison de la mission de l’Église qui est plus attendu comme un ministère de la Parole.

Il est vrai que la Bible affirme que le Chrétien est « étranger et voyageur sur la terre » (I Pierre 2 :11) ; qu’il ne doit pas « aimer le monde ni les choses qui sont dans le monde » (I Jean 2 :15) ; qu’il est appelé à « souffrir pour Christ » (Phil 1 :29)... Ceci pousse quelques fois les Chrétiens à adopter une attitude négative vis- à -vis de tout ministère qui a pour objet le bien- être physique de l’homme jusqu’au point de devenir soi-même masochiste ou stoïque. Cependant, la Bible est assez claire à propos du rôle que le Chrétien doit jouer dans la société. Il est le sel de la terre et la lumière du monde (Matt 5 :13-16) ; il doit s’appliquer à pratiquer la libéralité (Tite 3 :8) ; il doit visiter les orphelin et les veuves dans leurs afflictions (Jacques 1 :27), il doit pratiquer la justice et aimer la miséricorde (Michée 6 :8)…

Ces vérités fondamentales ont pourtant été vécues différemment au cours de l’histoire de l’Église. Durant les trois premiers siècles de son existence, l’Église a été persécutée dans l’Empire Romain et les Chrétiens se trouvaient comme des véritables étrangers sur la terre. Puis l’empereur Constantin a adhéré au christianisme et en a fait du la religion officielle de l’Empire le plus puissant de la terre. C’est le début de la chrétienté qui dura jusqu’à la fin du moyen âge et même au-delà. Certains protestèrent contre la confusion qui s’établit entre l’Etat et l’Église et se retirèrent loin du monde: c’est l’histoire des moines.


Au 16e siècle, les Réformateurs n’ont pas vu le problème de confusion Église-société, ou, quand ils l’ont vu, n’ont pas pu le résoudre. Cependant, parmi les premiers disciples des Réformateurs, certains ont estimé que la Réforme n’avait pas été assez radicale. Ils ont rompu avec Luther, Zwingli et Calvin pour former des Églises évangéliques qui voulaient reconstituer l’Église primitive, formée uniquement de convertis, baptisés après leur conversion. Ce fut donc la naissance des Anabaptistes. Même les Réformateurs les persécutèrent. Ces Anabaptistes sont les précurseurs des Églises se professant, baptistes, libres, Assemblées évangéliques, les Pentecôtiste, etc. Selon leur vision, l’Église est appelée à se séparer du monde, et son unique responsabilité est l’évangélisation. D’où la dichotomie entre « spirituel » en opposition avec le « physique », le « ciel » en opposition a la « terre », le « religieux » en opposition avec le « séculier ».

Selon John Stott,[2] cette position s’est encore renforcée pour cinq autres raisons majeures : l’attitude de réticente des évangéliques vis-à-vis de l’engagement social était :

1.      La réaction contre la théologie de libération qui de développait dans les Églises d’Europe et de l’Amérique considérée comme la « grande trahison de l’évangile ». D’où, le développement de fondamentalisme développé entre 1910 et1915 où les évangéliques commençaient à étaler le fondement de la foi chrétienne et de surcroit, il n’y avait pas de temps pour l’action social.

2.      La réaction des évangéliques contre l’évangile de prospérité qui était au départ une critique du capitalisme et un plaidoyer pour le socialisme chrétien avec malheureusement beaucoup de déviations doctrinales qui ont attiré l’attention des évangéliques sur la nécessité de développer un évangile basé sur l’essentiel qui est la foi en Jésus Christ.

3.      La désillusion et le pessimisme qui survint après la Première Guerre Mondiale qui a démontré avec acuité la nature pécheresse de l’homme et l’échec du programme social. Ce qui justifiait dorénavant la nécessité d’un évangile qui se base essentiellement sur la proclamation et non l’action.

4.      La position et les enseignements selon lesquels ce monde est mauvais et il va se détériorer davantage jusqu’au retour de Jésus qui va établir un règne de mil ans ou il y aura la justice, la paix et la stabilité. Donc, si ce monde est irréparable, l’action sociale n’est pas justifiable, c’est une perte de temps et de l’énergie. Il est plutôt beaucoup plus rationnelle d’attendre le retour de Jésus Christ qui va remettre l’ordre et l’équilibre idéals dont l’homme a besoin.

5.      Selon certains sociologues, le christianisme a été propagé essentiellement au sein de classe moyenne qui a fini par confondre son statut social au statut idéal pour de tout Chrétien. Cette position qui n’est pas très soutenable peut aussi avoir été une cause virtuelle dans l’acharnement des évangéliques contre l’engagement social de l’Église.

D’une façon générale, les Églises évangéliques ont fortement été influencées par ces faits. Aujourd’hui cependant des voix évangéliques autorisées se font entendre pour la déclarer trop unilatérale et pour plaider en vue d’un engagement plus réel des Églises évangéliques dans la société, sans pour autant renouer avec l’idée de chrétienté qui tend à confondre l’Église et le monde. Jacques Blandenier estime que « vérifier sans cesse à nouveau les bases bibliques de notre engagement social est une démarche indispensable, car les bons sentiments et la bonne volonté sont insuffisants, et d’ailleurs souvent menacés de déviation ».[3] L’évolution présente est heureuse, mais doit se faire dans un souci de fidélité, et non par simple réaction contre un passé jugé trop "étroit". Il faut interroger l’Ecriture à nouveau, pour être attentif à l’ensemble de la Parole de Dieu, et réécouter des textes trop oubliés peut-être (car tous les chrétiens ont une lecture sélective de la Bible, inconsciemment!). Notre tâche est de donner un fondement et une limite bibliques à ce type d’engagement. Déserter ce monde ou s’y engager à la légère sont tous deux une désobéissance à la vocation que Dieu donne à Son Église. C’est dans cette optique que Blandenier souligne la valeur du cadre biblique en insinuant que :

S’il y a eu dans le passé, parmi les évangéliques, une réaction contre l’engagement social, c’est sans doute parce que certains, parmi ceux qui s’y sont consacrés, ont quitté le terrain évangélique, faute d’un cadre biblique suffisant. L’utopie et l’activisme, qui aboutissent tôt ou tard au découragement ou alors à un radicalisme qui n’est qu’une fuite en avant, sont les dérives quasi inévitables d’un engagement social chrétien mal fondé sur le terrain de l’Ecriture.[4]

 

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I. Fondement biblique à l’engagement social
du Chrétien

a. Le Mandat Culturel

Le livre de Genèse contient des instructions spéciales qui définissent la place et les responsabilités de l’homme dans le monde. Ces instructions se trouvent spécialement en Genèse 1 :28 et 2 :15 et sont connus comme « le mandat culturel ». Ce mandat qui commence par la commission à la procréation est plus particulièrement centré sur les instructions à dominer, garder et cultiver la terre. Le mandat de domination découle directement du statut royal de l’homme dans la création (Ps 8 :4-9 ) pendant que l’appel à « garder » et « cultiver » le terre précisent l’intention divine à impliquer l’homme au travail. Sans nul doute ont-ils été choisis en fonction des deux activités fondamentales des civilisations primitives : l’élevage et l’agriculture. Cependant « garder » peut aussi signifier « veiller sur » mais aussi « conserver » ou « maintenir ». D’autre part, il ne faudra pas perdre de vue que garder la création de Dieu implique aussi garder sa créature, y compris son prochain. Veiller sur son bien-être physique morale et spirituel. Et Dieu tient au maintien et à la conservation de la terre et son contenu, c’est ce qu’il va confirmer encore dans son alliance ave Noé (Genèse 8.21-22, 9.9-17).

b. Le Grand Commandement

Jésus a présenté l’amour de Dieu et l’amour du prochain comme le plus grand commandement de Dieu. Il dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. (Matt 22 :37-40). L’amour implique le service qu’on doit rendre à autrui. On recherche le bien être de la personne qu’on aime.

En cette matière, Gary T. Hipp établit une corrélation entre le travail du développement et l’amour du prochain en ce sens que quand on aime quelqu’un, on recherche son développement intégral[5]. Donc aimer son prochain signifierait aimer son bien-être et partant le conduire à se développer. Et donc pour lui un agent du développement communautaire accomplit le commandement de Dieu en matière de l’amour.

c. Le Royaume de Dieu

Il est bien connu que Jésus est venu prêcher la Bonne Nouvelle Royaume de Dieu. Selon les évangiles synoptiques, le royaume était le thème principal de ses sermons et de ses paraboles. Bien que « le royaume de Dieu » soit en grande partie remplacé par « la vie éternelle » en évangile de Jean et par la seigneurie du Christ dans les lettres de Paul, il est néanmoins un concept  riche offrant des applications significatives au monde et à la société.

Le Rapport de la Consultation International sur la relation entre évangélisation et responsabilité sociale tenue à Grand Rapid, Michigan du 19 au 25 juin 1982 comme suivi des observations du Comité de Lausanne pour l’Evangélisation Mondiale ont présenté les signes suivants comme marque du Royaume de Dieu[6].

1.      Le premier signe du royaume était (et est toujours) Jésus lui-même au milieu de son peuple (Lk. 17:21; Mat. 18:20), dont la présence apporte la joie, la paix, et un sens de célébration (John 15:11 ; 16:33; Mk. 2:18-20).

2.      La seconde est la prédication de l’Évangile. Il n’y avait pas de Bonne Nouvelle du royaume à proclamer jusqu’à ce que Christ soit arrivé. Maintenant qu’il est venu, la Bonnes Nouvelles du royaume est prêchée à tous, et particulièrement aux pauvres (Lk. 4:18,19; 7:22).

3.      Le troisième signe du royaume est l’exorcisme. Jésus a chassé les démons et a libéré les captifs de Satan et ses démons. Une place active des activités des démons est l’intelligence de l’homme quand elle n’est pas soumise à Dieu : elle peut produire toutes sortes de perversions. La possession démoniaque est une réalité déplorable. L’affranchissement est possible seulement dans une rencontre de la puissance et du règne de Jésus Christ.

4.      Le quatrième signe du royaume se sont des miracles de guérison et des réponses aux besoins physiques du peuple : le sourd entendent, les boiteux marchent, les malades sont guéris, les morts ressuscitent (Lk. 7:22), des pains et poissons sont multipliés et distribués aux affamés. Ces signes venaient non seulement pour annoncer la réalité de l’arrivée du Royaume de Dieu sur la terre, mais également une anticipation de l’avènement du Royaume Final de Jésus Christ où il y n’y aura ni maladie, ni faim, ni désordre et où la mort sera anéantie pour toujours.

5.      Le cinquième signe du royaume est le miracle de la conversion et de la nouvelle naissance. Toutes les fois que les gens « abandonnent les idoles, pour servir le Dieu vivant et vrai » (I Thess. 1: 9, 10), la puissance de Dieu se manifeste dans une nouvelle dimension (Rom 1 :6).

6.      Le sixième signe du royaume, est la souffrance. Paul disait : « Car il vous a été fait la grâce, par rapport a Christ, non seulement de croire en Lui mais encore de souffrir pour lui. » (Phi 1 :29). Il a fallu que Jésus souffre avant d’entrer dans sa gloire. En effet, il a souffert pour nous, nous laissant un exemple que nous allions suivre. Les Chrétiens soufrent à cause de leur identité, pour témoigner leur foi, et appliquer la justice…

7.      Le septième signe du royaume concerne les citoyens du royaume. Ils sont transformés et ont adopté un mode de vie et des comportements différents, à la ressemblance de Jésus leur maître. Dans ce contexte se développent les produits appelés « les fruits de l’Esprit ». Là où Dieu règne, règle aussi l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur et la tempérance. Ainsi, si l’Évangile est la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, les fruits de l’Esprit qui sont l’expression des bonnes œuvres font partie intégrante du ministère de tout croyant et toute Église.

Tout compte fait, le Royaume de Dieu implique une manifestation intégrale de la Parole et des actions, donc de la foi et des œuvres. D’ où la relation entre évangélisation et action sociale.

 

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II. Relation Entre Evangélisation et
Action Sociale

A l’instar des corrélations établies entre évangélisation et responsabilité sociale dans le Rapport de Grand Rapids[7], on peut établir trois grandes relations entre évangélisation et action sociale à savoir : action sociale comme conséquence de l’évangélisation, action sociale comme pont à l’évangélisation, et action sociale comme partenaire de l’évangélisation.[8]

a. Action sociale comme Conséquence de l’évangélisation

L’évangélisation vise à conduire ceux qui sont perdus sous la domination de Satan à accepter de suivre Jésus et faire Sa volonté. Et Paul disait à Tite en cette matière que « ceux qui ont cru en Dieu s’appliquent à accomplir des bonnes œuvres. » (Tites 3 :8) Ceci veut dire que la conséquence logique du salut est la pratique de l’œuvre bonne. Tout Chrétien a donc la responsabilité, comme le « bon samaritain » d’apporter sa contribution dans la société pour aider d’autres à vivre dans des conditions acceptables. Et Paul ajoute sa règle d’or dans cd domaine quand il dit « Ainsi donc, tant que nous en avons l’occasion, faisons du bien à tout le monde, et en premier lieu à ceux qui appartiennent à la famille des croyants » (Galates 6 :10 Version la Bible du Semeur).

En tout état de cause, le Chrétien a le devoir de marier à sa foi les œuvres. Ceci veut dire que là ou la foi authentique il y a aussi la manifestation des fruits de l’Esprit et des œuvres qui l’accompagnent.

b. Action sociale comme pont à l’évangélisation

Pierre dit à l’Église : « Ayez au milieu des païens une bonne conduite, afin que, la même ou ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes œuvres, et glorifient Dieu, au jour ou il les visitera. » (I Pierre 2 :12). Il est parfois difficile aux païens d’accepter le message de l’évangile s’il n’est pas accompagné des pratiques concrètes qui démontrent ce qu’ils professent. L’amour de Dieu et du prochain sur lequel Jésus a fondé le christianisme nous oblige à nous impliquer dans la vie de la société et à apporter de l’aide et de l’assistance la où la société en a besoin. Ceci conduit les païens à donner de crédit à notre ministère et nous approcher pour recevoir le message de salut en Jésus Christ.

c. Action sociale comme partenaire de l’évangélisation

« Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume et guérissait toute maladie et infirmité. » (Math 9 :35). La mission de Jésus qu’il a léguée à l’Église concerne tout l’homme : le corps et l’esprit ; il s’occupe de lui pour la vie ici sur terre et la vie au ciel. L’attitude dualiste qui estime que l’Église doit s’occuper des choses spirituelle et l’Etat des questions d’ordre sociales n’a pas de fondement biblique. Jésus lui-même s’est occupé de tout. La priorité de l’Église est bien sur la dimension spirituel de l’homme : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu » (Matt 6 :33) mais n’exclut pas les autres dimensions de la vie qui doivent sans doute prendre la seconde position dans sa vocation. Donc la ou il y a évangile, il doit y avoir aussi l’amour et partant action sociale, les deux doivent marcher de paire.

 

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III. Situation Sociale en République Démocratique
du Congo

La République Démocratique du Congo s’étend sur une superficie de 2 344 885 km2. Elle occupe l’immense cuvette correspondant au bassin du fleuve Congo. Celui-ci donne son unité au pays par l’ampleur de son bassin (3 820 000 km2). Le Congo est aussi un pays qui regorge des grandes potentialités économiques. Malgré la richesse minière du pays, son produit intérieur brut (PIB) a chuté de 10 milliards de dollars en 1991, à 5,3 milliards en 1995, soit un revenu annuel moyen par habitant de 120 dollars. Cette chute est due à divers facteurs : la guerre civile qui a éclaté après l’indépendance, une politique économique incohérente et des décennies de corruption. Ceux-ci ont contribué à la léthargie de l’économie du pays qui, jusqu’en 1994, subissait de plein fouet la chute des cours des matières premières, ainsi que des désordres politiques et sociaux internes. Le taux d’inflation atteint, en 1996, plus de 753 pourcent ; la dette extérieure s’élevait à plus de 13,1 milliards de dollars en 2005, sans compter plus de 5 milliards d’arriérés du service de la dette. À noter, cependant, qu’en raison de l’anarchie et de la désorganisation qui affectent le pays depuis de nombreuses décennies, toutes les statistiques sont à prendre avec prudence.[9]

La rivalité ethnique a infesté la société congolaise depuis l’indépendance en 1960. Ce problème grave est compliqué par instabilité politique, la pauvreté, un taux de crime élevé, la santé insatisfaisante, et une incidence élevée des maladies tropicales et de VIH SIDA. Le gouvernement de Mobutu a essayé, avec un certain succès, de parer le tribalisme (croyance dans la supériorité de sa propre tribu) en interdisant des organismes et des publications ethniques. Cependant, les efforts de gouvernement d’adresser les causes de racine de la pauvreté et les problèmes du pays dans la santé, l’éducation, et l’environnement ont été limités.[10]

Selon International Rescue committee, la République Démocratique du Congo a été engloutie par des conflits pendant plus d’une décennie et abrite l’une des crises humanitaires les plus mauvaises et les plus abandonnées du monde. Aux années suivant le déclin économique et politique, la guerre de 1998-2002 a été menée avec des violences extrêmes causant des déplacements massifs de la population, de viol répandu, et de l’effondrement des services de santé publique. En dépit de la signature d’un accord formel de paix en décembre 2002, le conflit et les éruptions de la violence ont persisté avec des pertes de vie importantes à l’Est du pays. Dans une série de cinq enquêtes, International Rescue committee a étudié la mortalité entre 2000 et 2007. Une enquête d’IRC de janvier 2008 a constaté que 5.400.000 personnes sont mortes des causes connexes à la guerre au Congo depuis 1998. C’est donc le conflit le plus meurtrier du monde depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Une bonne partie de décès a été causée par des effets secondaires tels que la malaria, la diarrhée, la pneumonie et la malnutrition.[11]

International Criss Group d’autre part estime que la République Démocratique du Congo est le théâtre de l’une des pires crises humanitaires au monde. Bien que le pays soit sorti de ce que l’on a appelé “la Première Guerre Mondiale d’Afrique” en 2003 lorsque les anciens belligérants se sont réunis pour former un gouvernement de transition, des études de mortalité dont la crédibilité ne peut être remise en doute estiment que plus de 1000 personnes continuent de mourir chaque jour pour des raisons liées au conflit, en majorité de maladies et de malnutrition mais aussi du fait des violences qui se poursuivent de façon latente. Une corruption rampante au sein du gouvernement et la faiblesse de l’État permettent aux membres de groupes armés aussi bien que de l’armée nationale de perpétrer des abus contre les populations civiles.

Grâce à l’opération de maintien de la paix la plus importante et la plus coûteuse du monde à savoir la MONUC, le pays a relevé les défis politiques et logistiques et a organisé ses premières élections libres et justes depuis 40 ans (en juillet 2006). Cependant, la RDC doit encore faire face à d’autres défis comme la création ou la reconstruction d’institutions étatiques qui répondent de leur action devant le peuple congolais et la formation d’une armée professionnelle intégrée qui protège les civils plutôt que de les maltraiter.[12]

Le gouvernement actuel déploie des efforts louables pour répondre aux défis économiques et sociaux du pays mais la fosse est très profonde et demande une mobilisation generale et des efforts d’autres sources pour que le pays puisse réellement se reconstituer. Nous espérons que l’église de part sa mission et son mandat a un rôle à jouer dans un tel contexte.

 

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IV. Etats des Lieux de L’Église en République
Démocratique du Congo

En cette matière, notre attention est plus tournée sur l’Église Protestante au Congo. Henri Craven est connu comme le pionner qui a implanté la première station missionnaire protestante au Congo à Palabala en 1878.[13] Depuis cette première installation, plusieurs autres Missions Protestantes sont venu conjuguer leurs efforts pour l’évangélisation dans cette contrée qui sera ultérieurement reconnu comme la République Démocratique du Congo. Ces installations se sont poursuivis jusqu’aux années 1900. En 1911 fut fondé un comité dit de « continuation ». Il était l’organe de l’exécution des propositions présentées par la Première Conférence Mondiale des Missions à Edinbourg en 1910 dont le but entre autre était de définir les nouvelles stratégies à mette en place pour contourner le Concordat que le Saint Siege venait de signer avec le roi Léopold II pour renforcer l’installation de l’Église catholique au Congo. Ce comité ne fonctionna que quelques années et peu après, lors de la 9e Conférence réunie à Kinshasa (Léopoldville), il fut voté la décision de venir au Conseil Protestant du Congo (CPC). A l’occasion, un comité exécutif de 5 conseillers fut élu ayant pour mission de s’atteler à la répartition du pays en champ missionnaire. De 1925 à 1930, le CPC fonctionna et son succès et sa capacité à s’attaquer aux divers problèmes ont siccité à lui la confiance des Missions Protestantes. C’est en 1970 que CPC sera définitivement remplace par l’ECC (Église du Christ au Congo) avec son principe de « l’unité dans la diversité ». [14] Mine de rien, l’Église en République Démocratique du Congo est de nos jours très développée, très diversifiée et bien organisée et structurée comme l’indique ce rapport de Operation World.[15]

Tableau Statistique de Religions au Congo en 2001

Religions

Population %

Adhérents

Croiss Ann

Chrétiens

95,29

49.221.569

 +2,7%

Traditionnels

2,44

1.260.370

+1,3%

Musulmans

1,10

568.199

+0,8%

Autres&Sans Religion

0,56

289.265

+1,2%

Baha’i

0,43

222.114

-0,4%

Hindou

0,18

92.978

+5,1%

 

Chrétiens

Denom.

 Affiliées.%

, 000

Croiss Ann

Protestant

102

23,77

12.280

+2,7%

Independent

106

22,17

11.450

+2,8%

Anglican

1

0,72

370

 +3,6%

Catholique

1

44,53

23.000

+0,0%

Orthodoxe

1

0,01

5

-3,6%

Marginal

2

0,79

406

+0,7%

Non affilié

 

10,84

5.588

 

Doublement affilié  e

 

-7,55

-3.900

 

 

Églises

MegaBloc

Cong.

 Membres

 Affiliés

Catholique

C

14.858

13.372.093

23,000,000

Kimbanguiste

I Je

14.000

3.500,000

 6.500.000

Néo-Apostolique

I Je

1.800

530.000

1.450.000

ECC-Presbytériens

P

525

1.001.000

1.250.000

ECC-Méthodiste Unie

P

3.750

450.000

900.000

ECC-Disciples du Christ

P

1.506

378.947

720.000

Adventiste du Septième jour

P

1.200

350.000

550.000

ECC-Pentecôtistes Zem

P

1.667

250.000

500.000

ECC-Baptiste-River

P

229

216.538

450.000

ECC-Baptiste-Ouest

P

600

252.000

420.000

Témoins de Jéhovah

M

2.618

113.245

400.000

Anglicane

A Un

1.000

110.000

370.000

ECC-CECCA (WEC)

P

1.800

120.000

330.000

ECC-AOG, Etats-Unis [2]

P

1.603

160.000

290.681

ECC-CECA (AIM)

P

1.950

100.000

210.000

ECC-Evang Covenant

P

940

120.000

200.000

ECC-CMA

P

589

99.557

177.319

ECC-Baptiste-Kivu

P

280

97.250

160.000

ECC-Evang Libre (Oubangui)

P

1.226

114.000

160.000

ECC-Frères Mennonite

P

400

90.000

160.000

ECC-Mennonite

P

950

100.000

140.000

ECC-Méthodiste libre

P

950

57.000

130.000

ECC-Ev Ch. de Lubongo

P

1.054

74.850

125.000

Église de Dieu (Cleveland)

P

398

54.369

80.000

D’autres denoms [190]

 

 21.914

3.192.757

8.860.000

Doublement affilié

 

 

-1.950.500

-3.900.000

Total des chrétiens [215]

 

77.807

22.953,600

43.633.000

 

Groupements par bloques

pop.%

, 000

Croiss Ann

Évangélique

19,4

10.031

 +2,7%

Charismatique

15,8

8.162

+2,1%

Pentecôtiste

7.9 7,9

4,098 4.098

+2,9%

Les missionnaires du Congo (RDC)
estimés à 445 dans 39 agences, des chiffres beaucoup plus faibles en 2001. Près de 44 hors Congo.

Les Missionnaires au Congo (RDC)
estimés à 650 dans 76 agences de 26 pays: Etats-Unis 400, Royaume-Uni 80, Australie 29, Nigéria 21. C 5000.

 

L’Église du Christ au Congo, la pate forme des églises protestantes fonctionne avec 11 organismes et 64 dénominations. Les organismes sont les suivants : Alliance biblique de la RDC, Centre d’Accueil Protestant (CAP), Centre Médical Evangélique de Nyankunde (CME-Nyankunde), Centre Protestant d’Edition et de Diffusion (CEDI), Compassion International[16] (CI), Habitat pour l’Humanité (HPH), Institut Médical Evangélique de Kimpese (IME-Kimpese), Ligue pour la Lecture de la Bible (LLB), Ministère de Campus pour Christ International (MCCI), Mission Aviation Fellowship (MAF), Université Protestante au Congo (UPC)[17]

A ces derniers s’ajoutent quatre mouvements à savoir : le Ministère des Laïcs Protestants (MILAPRO), la Fédération Nationale des Hommes Protestants (FNHP), la Fédération Nationale des Femmes Protestants (FNFP), la Fédération Nationale des Jeunes Protestants (FNJP).[18]

La structure organique de l’ECC fonctionne à quatre échelons qui se présentent comme suit :

·        Echelon National : l’ECC est constituée du Synode National, du Comite Exécutif National et du Secrétariat Exécutif National

·        Echelon Provincial : l’ECC est constituée du Synode communautaire, du comité exécutif communautaire et du secrétariat communautaire

·        Echelon Paroicial : l’ECC est constituée du conseil paroicial.

S’agissants des Églises, L’ECC compte 64 dénominations membres qui ont tous adoptée l’initial « Communauté » pour leur désignation. Elles sont les suivantes : Communauté Armée du Salut (CAS 01), Communauté des Assemblées des Frères au Katanga (CAFCAT 02), Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique (CBCA 03), Communauté des Églises des Frères Mennonites au Congo (CEFMC 04), Communauté des Églises Libres de Pentecôte en Afrique (CELPA 05), Communauté des Églises Baptistes unies (CEBU 06), Communauté des Grace au Congo (CEGS 07), Communauté des Églises Pentecôtistes en Afrique Centrale (CEPAC 08), Communauté Evangélique Mennonite (CEM 09), Communauté des Disciples du Christ au Congo (CDCC 10), Communauté Anglicane au Congo (CAC 11), Communauté des Assemblée de Dieu au Congo (CADC Isiro 12), Communauté Baptiste du Fleuve Congo (CBFC 13), Communauté Baptiste du Congo du Congo Nord (CBCN 14), Communauté Baptiste du Congo Ouest (CBCO 15), Communauté Evangélique du Christ au Cœur de l’Afrique (CECCA 16), Communauté Evangélique du Christ à Oubangui (CECU 17), Communauté de l’Alliance au Congo (CEAC 18), Communauté Evangélique Bereenne au Congo (CEBCE 19), Communauté Evangélique au Centre de l’Afrique (CECA 20), Communauté Nation du Christ en Afrique (CENCA 21), Communauté Evangélique au Congo (CEC 23), Communauté Libre de Maniema Kivu (CLMK 24), Communauté Evangélique du Kwango (CEK 25), Communauté Libre Méthodiste du Congo (CLMC 26), Communauté Mennonite du Congo (CMCO 27), Communauté Methodiste au Congo Central (CMCC 28), Communauté Methodiste du Sud-Congo (CMSC 29) , Communauté Pentecôtiste du Congo (CPCO 30), Communauté Presbytérienne au Congo (CPCO 31), Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK 32) Communauté Evangélique Région de Sankuru (CERS 33), Communauté des Assemblée de Dieu en Afrique (CERS 34), Communauté Union des Églises Baptistes au Congo (CUEBC 35), Communauté Centrale du Christ en Afrique (CCCA 36), Communauté des Frères en Christ Gareganze (CFCG 37), Communauté des Assemblées de Dieu au Congo (CADC 38), Communauté Emmanuel (CE 39), Communauté des Églises Chrétiennes en Afrique (CECA 40), Communauté des Églises Indépendantes Evangéliques (CEIE 41), Communauté Evangélique au Congo (CEC 42), Communauté Baptistes des Fideles en Afriques (CBFA 43), Communauté Evangélique de Pentecôte (CEP 44), Communauté Evangélique Presbytérienne au Congo (CEPC 45), Communauté des Assemblées des Frères en Christ au Congo (CAFCC 46), Communauté d’Assemblées des Frères Baptistes Autonomes entre Wamba et Bakali (CBAWB 47), Communauté Episcopale Baptiste en Afrique (CEBA 48), Communauté Chrétienne Evangélique au Congo (CCEC 49), Communauté Evangélique en Ubangi-Mongala (CEUM 50), Communauté Evangélique Luthérienne du Congo-Ouest (CELCO 51), Communauté Baptiste du Sud Kwango (CGSK 52), Communauté Methodiste Unie au Nord-Katanga (CMUNK 53), Communauté Evangélique du Kasaï de Booke (CEK-Booke 54)Communauté des Église Baptistes au Congo-Est (CEBCE 55), Communauté Presbytérienne du Kasaï-Oriental (CPKOC 56), Communauté Presbytérienne au Kasaï-Occidental (CPKOR 57), Communauté Evangélique Africaine (CEA 58), Communauté Reformée Presbytérienne (CRP 59), Communauté de Jésus Christ au Congo (CJCC 60), Communauté des Douze Apôtres au Congo (CDAC 61), Communauté du Saint-Esprit en Afrique (CSEA 62), Communauté Chrétienne de Pentecôte au Congo (CCPC 63), Communauté Reformée au Congo (CRC 64).[19]

Tout compte fait, il y a une présence forte et diversifiée de l’Église en République Démocratique du Congo. En plus des Églises au sein de l’ECC, il y a un grand nombre d’autres Églises indépendantes. Cependant, la situation sociale et aussi politique du Congo laisse tout observateurs perplexe de la crise rampante qui ravage profondément la population congolaise qui se constitue avec 95% de Chrétiens selon les statistiques. L’ampleur, la complexité et l’intensification des problèmes sociaux (conflits, guerres civiles, insécurité, viole, famine, pauvreté, pandémies, corruption, malversation, anarchie, abus du pouvoir, non respect de droit de l’homme…) font qu’on se demande de la vraie préoccupation de l’Église qui est très présente au sein de la République Démocratique du Congo.

 

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V. La Mission de l’Église

Les trois principales missions de l’Église dans le monde sont : la mission prophétique, la mission sacerdotale et la mission pastorale.[20]

a. La mission prophétique de l’Église

Le prophète est celui qui connait la pensée et la volonté de Dieu concernant le passé, le présent et le futur. Il est le porte - parole de Dieu et donne des instructions pour prévenir du danger, pour corriger une déviation ou pour orienter en matière des choses à venir. Il s’adresse à tout le monde, comprenant les gouvernants et les gouvernés. Il est concerné par le bien être intégrale de toute la société sur le plan spirituel aussi bien que physique. Il conduit le peuple à obéir et à faire la volonté de Dieu. Et Dieu a révélé tout ce qui est nécessaire à l’homme dans Sa Parole Sainte, la Bible qui est en permanence entre les mains de l’Église. Et l’Église qui est inspirée éclaire le monde et aide le monde à vivre une vie acceptable, selon la volonté de Dieu. Jésus disait : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendrait-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et être foulé aux pieds par les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matt 5 : 13-16).

Dans cette perspective, l’Église est aussi l’œil et la main Dieu car nous sommes « ouvriers avec Dieu » (I cor 3 :9). Ceci veut dire que l’Église est appelée à développer des visions, des stratégies et des ministères qui puissent répondre aux problèmes de la société intégralement.

S’agissant de la crise sociale au Congo, le nœud du problème semble résider au niveau des conflits au sein de la population aussi bien qu’au sein de la classe politique. Le conflit est une situation sociale où des acteurs en interdépendance, soit poursuivent des buts différents, défendent des valeurs contradictoires, ont des intérêts divergents ou opposés, soit poursuivent simultanément et compétitivement un même but.[21]

L’Église dans son ministère prophétique a la responsabilité de prévenir les conflits à partir des symptômes observables. Suleiman Jakonda énumère certains signes d’alarme qui annoncent le début de conflits et qui doivent interpeller l’Église ou toute personne éprise du bien-être social pour une action préventive. Il s’agit de manque du respect à l’autorité, augmentation de crime, perte de confiance dans un système ou une structure, des pétitions, exagération de contrôle, absence de dialogue, propos discourtois…[22] Mais si les conflits sont déjà actifs, Dieu a aussi donner à son Église « le ministère de réconciliation » (2 Cor 5 :18) : réconcilier les hommes avec Dieu mais aussi réconcilier les hommes entre eux et trouver de solution à leurs problèmes.

La résolution de conflit se distingue de la résolution de problèmes par son côté relationnel : dans un cas il s’agit de faire disparaître un différend entre personnes, dans l’autre cas il s’agit de faire disparaître une situation non désirée par une personne. Cette définition n’exclut pas les problèmes relationnels : un conflit est souvent vécu comme un problème, sans réciproque. Dans tous les cas, il faudra analyser la cause du conflit en utilisant la méthodologie de résolution de problèmes.[23]

A priori, une résolution de conflit permet d’éliminer un conflit. L’atténuation d’un conflit n’est pas sa résolution. La résolution implique la recherche d’une solution. Un conflit peut être mis en sommeil par la contrainte, la domination / soumission, la fuite, mais il n’est pas résolu pour autant. Le fait qu’un conflit trouve une issue n’implique pas qu’il ait été solutionné. Un conflit peut disparaître avec les protagonistes ou se transmettre à leur lignée. S’il disparaît de cette manière, on ne pourra dire qu’il a été résolu. S’il y a écrasement de l’une des parties, cette solution ne résout pas le conflit. Celui-ci devient larvé, latent.

La résolution d’un conflit ne peut être envisagée en dehors du conflit lui-même : sa nature, ses causes, les personnes qui le vivent, le contexte dans lequel il se passe... Tout mode de résolution qui serait proposé de manière transversale, sans tenir compte des spécificités internes à la situation conflictuelle ne saurait être efficace.

Beaucoup de tentatives ont été entamées pour résoudre les conflits au Congo mais sont restées sans succès. Il nous semble que le problème réside plutôt dans le non respect des principes de résolution de conflits. Il nous semble qu’en résolvant les questions de conflits en D.R.Congo dans la rigueur des procédés adéquats, l’on pourra établir la fondation de la paix qui pourra donner des solutions aux autres dimensions de problèmes du pays, notamment celui de la pauvreté, de la corruption, du SIDA etc.

b. La mission sacerdotale de l’Église

Jacques insiste sur le fait que « la prière du juste a une grande efficacité » (Jacques 5 :16). Dans le même ordre d’idée, l’Église au Congo a un grand travail, celui de prier. L’Église ne doit pas perdre de vue que la crise congolaise est d’abord une question spirituel à savoir l’attaque de l’ennemie Satan. Son travail c’est de « dérober, égorger et détruire » (Jean 10 :10). L’Église doit passer suffisamment de temps pour intercéder en faveur du peuple congolais qui a trop souffert, pour demander la faveur de Dieu sur le peuple en détresses, mais aussi demander à Dieu d’orienter et guider les autorités et les décideurs. Il sera parfois question de plaidoyer pour les nécessiteux et réclamer du secours pour la population victime des calamités sociales.

c. La mission pastorale de l’Église

Jacques disait encore « Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire pour leur corps, à quoi cela sert-il ? » (Jacques 2 :15-16) Il a aussi ajouté que « la religion pure consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions. » (Jacques 1 :27). L’Église au Congo a le devoir d’intervenir matériellement pour aider la population en détresse. C’est un principe biblique que ceux qui sont forts assistent ceux qui sont faibles. Il serait donc judicieux que les Églises qui se trouvent dans les contrées du Congo les moins touchées puissent venir au secours de ceux qui sont très touchées par la crise. Mais même au sein des contrées touchées, il est impératif que l’Église qui y est implantée puissent mobiliser les moyens pour résoudrais les problèmes sociaux de ses fideles et la population qui y habite. Les Chrétiens aussi doivent développer la culture de solidarité et d’entre- aide de manière que ceux qui sont affectés par la crise reçoivent l’amour et la compassion du Corps de Christ. Ceci doit caractériser les églises locales, régionales et nationales. Si les besoins dépassent leurs capacités, ils doivent faire appel au secours auprès d’autres Églises extérieures.

Tout compte fait, la Bible ne promet pas un âge d’or que les hommes pourraient instaurer par leur sagesse, leur vertu, leur pouvoir ou leur religiosité. Pas d’utopie! Au contraire, la Bible parle des temps de la fin qui connaîtront un déchaînement de l’Adversaire, un paroxysme du mal. Mais ceci n’exclut pas notre mission d’être toujours disposés à apporter de l’aide à ceux qui sont dans le besoin.

 

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Conclusion

Dieu a créé et a racheté notre monde afin de manifester sa majesté infinie et son amour éternel. Par conséquent, le péché fondamental consiste à refuser d’honorer Dieu (Rom. 1:21), au moment où le devoir suprême des personnes qu’Il a rachetées est de l’adorer dans l’humilité et l’obéissance (1 John 4:19). De l’adoration et de l’amour pour Dieu coule logiquement le désir de partager cet amour avec d’autres êtres humains. La considération du prochain devient beaucoup plus effective quand on est enraciné dans un rapport vertical avec Dieu.

Tout chrétien, est appelé a être au service de la société comme « sel et lumière ». Le Chrétien est citoyen du monde (son demeure temporel) et citoyen du ciel (son demeure eternel). Il doit se soucier des problèmes sociaux et politiques de son entourage et avoir une influence positive dans la contrée car bien que citoyen du ciel il vit dans le monde où il a entre autre, un mandat holistique. Ceci ne signifie pas qu’il doit faire de la terre un paradis mais il est appelé a apporter sa contribution pour faire des sociétés humaines des places où on peut vivre la tolérance, l’assistance, la justice, la paix, l’ordre, l’amour... Ce qui est l’esprit de la Convention de Lausanne qui dit :

Nous affirmons que Dieu est à la fois le créateur et le juge de tous les hommes. Nous avons donc le devoir de partager son souci pour la justice et la réconciliation à travers la société humaine et pour la libération des personnes de toutes les formes d’oppression. Parce que l’humanité est faite à l’image de Dieu, chaque personne, sans distinction de race, de religion, de couleur, de classe, de sexe ou d’âge, a une dignité intrinsèque en raison de laquelle elle doit être respectée, servie, et non exploitée. Ici aussi, nous exprimons notre pénitence tant pour la négligence et d’avoir parfois considéré l’évangélisation et l’action sociale comme s’excluant mutuellement. Bien que la réconciliation avec l’humanité n’est pas réconciliation avec Dieu, nous déclarons que l’action sociale n’est pas évangélisation, ni la libération politique le salut, cependant, nous affirmons que l’évangélisation et l’engagement sociopolitique font tous deux partie de notre devoir chrétien. Tous les deux sont l’expression nécessaire de notre doctrine de Dieu et de l’humanité, de notre amour pour notre prochain et notre obéissance à Jésus Christ. Le message du salut implique aussi un message de jugement sur toute forme d’aliénation, d’oppression et de discrimination, et il ne faut pas craindre de dénoncer le mal et l’injustice partout ou elles existent. Lorsque les gens reçoivent Christ, ils sont nés de nouveau dans son royaume et doivent viser non seulement la proclamation mais également la propagation de la justice de Dieu au milieu d’un monde injuste. Le salut nous donne le devoir d’être impliqué dans la transformation de la société, la foi sans les œuvres est morte. (Actes 17 :26,31 ; Genèse 18 :25 ; Isa 1 :17 ; Ps 45 :7, Gen 1 :26,27 ; Jacques 3 :9 ; Lev 19 :18 ; Luc 6 :27 ,35 ; Jacques 2 :14-26, Jean 3 :3,5 ; Matt 5 :20, 6 :33, 2Cor 3 :18 [24]

Nos actions sociales trouvent donc leur fondement dans le caractère même de Dieu : il est le Dieu de justice, le Dieu de compassion et le Dieu d’amour. Il s’occupe des indigents, des opprimés, des malades, des démunis, des pauvres, il libère les prisonniers, ouvre les yeux des aveugles... et il envoie les siens à faire la même chose.

La République Démocratique du Congo est dans une situation précaire sur le plan politique et social et cette situation perdure depuis des décennies au moment ou le pays présente une statistique une forte potentialité de Chrétiens et une organisation bien structurée des Églises. Il est impensable que la vie devienne aussi intenable au milieu de ceux qui ont la mission de la rendre agréable.

L’Église au Congo est donc appelée a s’imprégner davantage de ses responsabilités sociales ; ce qui consistera de prime abord à prendre conscience de la situation et ensuite enseigner au monde l’amour de Dieu et l’amour du prochain de façon théorique mais surtout pratique[25]. Bungishabaku Katho le dit avec beaucoup plus de force quand il affirme que l’Église du Christ au Congo ne s’est pas bien impliquée dans sa mission prophétique à corriger le gouvernement congolais qui pour une longue période était sous un régime dictatorial. Il ajoute que le rôle de l’Église n’est pas seulement de s’occuper de sa structure ecclésiastique mais d’ aider tout le monde, y compris le gouvernement à faire ce qui est droit aux yeux de Dieu, à combattre les antivaleurs au milieu du peuple et appliquer la justice.[26]

De manière beaucoup plus pratique, l’Église en République Démocratique du Congo est appelée a :

1.      Prier activement pour le pays, les gouvernants, les gouvernés pour une présence de l’ordre de la justice et de la paix.

2.      Combattre les forces mal, du tribalisme, de la guerre, de viol de l’anarchie… Lier les forces démoniaques sorcières et occultes qui encouragent le mal.

3.      Combattre le mal congolais depuis ses racines sur le plan national et international. Apporter le message de Dieu a tous ceux qui sont concernés par la destruction du pays.

4.      Enseigner à toute la population congolaise la culture de la paix de la justice et du travail. Participer aussi dans la sensibilisation pour la lutte contre les maux els que VIH SIDA.

5.      S’impliquer dans la résolution des conflits qui sévissent au sein de la politique, du social et même de l’Église. S’impliquer dans le réconciliation des protagonistes en conflits.

6.      Apporter de l’assistance spirituel, psychologique et matériel aux sinistrés de guerre de viol et de conflits interethniques.

7.      Tout en gardant la propagation de l’évangile comme sa priorité, apporter aussi sa contribution dans le développement communautaire intégral du pays dans les domaines tels que l’éducation, la sante, l’agriculture…

8.      Générer des activités qui peuvent contribuer à combattre la pauvreté et produire des services qui peuvent générer du travail à la population démunie.

9.      Former des leaders capables d’apporter des changements dans l’optique chrétienne, tant sur les plans du secteur publique, politique et ecclésiastique.

10.  Apporter le conseil et l’orientation divine aux gouvernants aussi bien qu’aux gouvernes en République Démocratique ; décourager ce qui est négatif et encourager ce qui est positif.

En tout état de cause, le salut de l’âme demeure le besoin ultime de l’homme. Ainsi, s’il faut choisir entre le besoin physique et le besoin spirituelle de l’homme, le choix est clair, mais ceci n’exclut pas l’expression authentique de notre amour pour notre prochain (cf. Cor 2. 4:16-18). Dans la pratique, comme au ministère public de Jésus, les deux sont inséparables. Plutôt que de placer le physique et le spirituel sur une échelle de concurrence, il faut plutôt les considérer comme mutuellement interdépendants. Ceci pour signifier que, quand nous nous soucions du salut de l’âme qui est sans doute suprême, il ne faudra pas que nous puissions négliger la dimension physique qui est aussi importante.

La Bonne Novelle est un tout composé de trois dimensions à savoir, la proclamation de la vérité qui est la Parole de Dieu (traditionnellement, point fort des évangéliques), la proclamation de l’amour de Dieu à travers un engagement social qui répond au besoin physique de humanité (point fort des libéraux et activistes sociaux) et la proclamation de la puissance de Dieu à travers des signes et des prodiges (point fort des pentecôtistes). Néanmoins, tous les trois font partie de la « Bonne Nouvelle » et l’évangile n’est complet que quand toutes les trois dimensions sont fidèlement présentées. L’évangile de Jésus Christ est à la fois la vérité, l’amour et la puissance.[27]

L’engagement social du chrétien est partant un devoir holistique et, quelque chose qui est holistique est synergique. Le tout (à savoir, la mission de Dieu) détermine la nature de tous les ministères de l’église, qui doit impliquer la dimension sociale. Le « holistique » embrasse donc l’identité et les particularités de diverses parties en leur rapport avec le tout et leur unité est sacrée.[28]

Somme toute, l’engagement social dans l’angle biblique est un appel pressant à tous les Chrétiens et toutes les Églises. Il consiste à placer les procédures avant le programme, les personnes avant les structures, le contexte avant la tradition et avoir un engagement à toujours apprendre. Quand le Saint Esprit anime l’Église et les Chrétiens à agir dans cette dimension alors s’établit le Royaume de Dieu.[29] Et dans Sa souveraineté, Dieu se réjouit de nous comme des serviteurs fidèles tels que repris en Matthieu 25 : 31-40 :

Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns avec les autre, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il mettra les brebis à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueille ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venu vers moi. Les justes lui répondront : Seigneur, quand t’avons nous vu avoir faim, et t’avons nous donné à manger ; ou avoir soif, et t’avons nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli ; ou nu, et t’avons- nous vêtu ? Quand t’avons- nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi ? Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est a moi que vous les avez faites.

 

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BIBLIOGRAPHIE

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[1] John Stott, Decisive Issues Facing Christians Today, Fleming H. Revell, Grand Rapid, MI, 1998, 19 (Notre traduction).

[2] John Sott, Decisive Issues Facing Christians Today, Collins Publishing Group, London, 1990, 6.

[3] Jacques Blandenier, « Motivations bibliques a l’engagement social de l’Église » in Fac Réflexion no 25 Décembre 1993, 18.

[4] Jacques Blandeneir, 18.

[5] Gary T. Hipp, Community Development and Christian Discipleship: The wedding of the Great Commandment and the Great Commission, Burnsville, Mission Moving Mountain, 1991, 6.

[6] John Stott (ed), Evangelism and Social Responsibility: An Evangelical Commitment (Grand Rapids Report) in <www. Lausanne.org> (Notre traduction).

[7] John Stott (ed), Evangelism and Social Responsibility: An Evangelical Commitment (Grand Rapids Report) in <www.Lausanne.org>.

[8] George, Atido, The Church Mandate in Relation to Evangelism and Development and its Implication to the Democratic Republic of Congo Context, Thesis , Nairobi International School of Theology, 2005, 39.

[9] Randall Arlin Fegley, “Congo, Democratic Republic of” Incarta. Encyclopedia 2005, Microsoft, 1.

[10] Operation World, “The Democratic Republic of Congo” in <www.gmi.org>.

[11] International Rescue Committee, “Special Report on D.R. Congo” in <www.Thier.org>.

[12] International Crisis Group, “Conflict in Congo” in www.crisisgroup.org.

[13] Jacques Blandenier, L’Essor des Missions Protestants. Précis d’Histoire des missions du XIXe Siècle au milieu du XXe siècle, Saint-Legier, Edition Emmaüs, 2003, 396.

[14] Mbabuna Mbakama, « L’apport de l’Église du Christ au Congo dans l’instauration d’une paix durable en République Démocratique du Congo Durant la Période de Transition », TFC, Université de Kinshasa, 2005, 12.

[15] Operation World « La République Démocratique du Congo » <www.gmi.org>.

[16] La Compassion International est de nos jours fermée.

[17] Mbabuna Mbakama, L’apport de l’Église du Christ au Congo dans l’instauration d’une paix durable en République Démocratique du Congo Durant la Période de Transition, TFC, Université de Kinshasa, 2005, 13.

[18] Mbabuna Mbakama, 13.

[19] Mbabuna Mbakama, 14.

[20] George, Atido, The Church Mandate in Relation to Evangelism and Development and its Implication to the Democratic Republic of Congo Context, Thesis , Nairobi International School of Theology, 2005, 61.

[21] Wikipedia, “Resolution de Conflits” in <www.Wikipedia.org>.

[22] Suleiman Jakonda, Your Kingdom Come: A book of Wholistic Christian Development, Jos Sele printing & Publishing House, 2001, 175.

[23] Wikipedia, “Resolution de Conflits” in www. <Wikipedia.org>.

[24] The Lausanne Committee for World Evangelization in “The Lausanne Covenant” <www.gospelcom.net> (1994), 4 (Notre traduction).

[25] Emmanuel M. Kamwanga, The problem of Teaching Twofold love: Christen Education and a Culture of Peace in the Great Lakes Region (PhD dissertation), University of South Africa, Pretoria, 2008., 535.

[26] Bungishabaku Katho, To know and not to know YHWH Jeremiah’s Understanding and its Relevance for the Church in D.R. Congo (PhD dissertation), University of Natal, 2003, 424.

[27] A. Scott Moreau (ed) Evangelical Dictionary of World Missions, Baker Books, Grand Rapids, Michigan, 2000., 448.

[28] Tesunayo Yamamori, “Furthering the kingdom through Relief and development” in <www. Strategic network.org>.

[29] A Scott Moreau (ed), 448.