LES POURQUOI, COMMENT ET QUI DU PARTENARIAT
ENTRE MISSIONS CHRÉTIENNES

Enoch Wan et Kevin P. Penman

Publié le 1 avril 2010 sur www.GlobalMissiology.org

Introduction

Le pourquoi

Le comment

Le qui

Conclusion

Oeuvres

INTRODUCTION

 

En raison de facteurs tels que la mondialisation, les changements rapides socio-culturels, les défis croissants pour les missions en contextes d’accès limité, etc., les institutions et individus chrétiens se doivent une compréhension biblique de ce que signifie être frères et sœurs en la famille de Dieu. Nous souhaitons qu’une telle compréhension conduise à former des partenariats en vue d’achever l’Ordre Suprême par moyen de partage de ressources et d’efforts de collaboration. Le but de cette brève étude est d’examiner les pourquoi, comment et avec qui du partenariat entre missions chrétiennes.

Puisque le sujet du partenariat entre missions chrétiennes est relativement récent, la quantité de matières chrétiennes disponibles est limitée. La principale source de nos recherches fut Phil Butler et d’autres personnes marquées par la tradition de l’organisme InterDev, qui se concentrait exclusivement sur la question de création de partenariats pour l’évangélisation du monde. Luis Bush, doyen du mouvement AN2000 et au-delà écrit une œuvre classique intitulée  Partnering in Ministry. Le mouvement Lausanne, l’Alliance évangélique mondiale et la Société évangélique de Missiologie ont publié des livres et des articles d’actualité traitant des aspects spécifiques du partenariat entre missions chrétiennes.

Il serait commode de fournir quelques clarifications et définitions de plusieurs termes-clé au début de cette étude:

Missio Dei. C’est la mission de Dieu, c’est-à-dire, l’autorévélation de Dieu comme Celui qui aime le monde, l’implication de Dieu dans le monde et avec le monde, les caractère et activités de Dieu ; elle englobe à et la fois l’église et le monde; et l’église a le privilège d’y participer. La Missio Dei énonce la bonne nouvelle de ce que Dieu est un Dieu pour l’humanité. [1]

Les termes mission et but de Dieu sont utilisés indifféremment dans cette étude et sont définis comme la missio dei, la mission de Dieu et tout ce qu’elle comporte pour le salut de l’humanité.

Missions. Les modalités du Corps de Christ pour l’expansion du Règne de Dieu par divers moyens et méthodes en collaboration avec le Dieu trinitaire dans la poursuite de la missio Dei.

Missiologie. La science de mission, qui inclue l’étude formelle de la théologie de mission, l’histoire des missions, et les philosophies parallèles de mission, ainsi que leurs implémentations stratégiques en un milieu culturel donné. [2]

Partenariat. Les possibilités uniques de collaborer avec le Dieu trinitaire et avec le Corps du Christ pour accomplir la missio dei, par la puissance et la direction de l’Esprit Saint.

Théologie de partenariat entre missions chrétiennes:L’étude de la présence et du but du Dieu trinitaire en collaboration avec son Corps pour le salut de l’humanité.

LE POURQUOI DU PARTENARIAT

La plupart des livres sur le partenariat débutent avec le facteur pourquoi. Il y avait des raisons bibliques et théologiques, ainsi que la raison très pratique que l’on pourrait accomplir beaucoup plus si les gens travaillaient ensemble. Concernant ce deuxième point, John Maxwell [3] et Panya Baba [4] citent l’Ecclésiaste 4:9 à 12 lequel texte stipule clairement que deux valent mieux qu’un et qu’un cordon à trois brins n’est pas facilement brisé. McKaughan [5], Warren [6], Hahn [7] et Taylor[8] soulignent la doctrine de la Trinité. Ils voient dans la divinité, par ses relations, amour et unité en diversité, le point de départ pour comprendre ce que c’est le partenariat. Une revue de la littérature révèle d’autres concepts clés qui informent le partenariat. Le premier se concentre sur l’unité de la famille de Dieu, tel que ceci se révèle en Jean 17.[9] La famille de Dieu est un, tout comme le Christ et le Père sont un. Un deuxième concept porte sur le Corps du Christ selon Romains 12, 1 Corinthiens 12 et Éphésiens 4.[10] Les parties interconnectées du Corps, par leur coopération pour la gloire de Christ, sont diversité en l’unité. Un concept de tiers concerne les dons de l’Esprit. Van Engen [11] fait remarquer que Paul visa les dons énumerés en Ephésiens 4 dans un contexte global. Par conséquent, ces dons ont été donnés à l’église mondiale à utiliser pour le bien de l’église mondiale. Un quatrième concept est celui du partage communal (koinonia en grec) [12], un terme biblique principal utilisé pour décrire la communauté et ses actions collaboratives. Un cinquième concept se résume en le mot grec sunergos que John Stott, dans son introduction à  Partners in the Gospel, [13] et Addicott, dans son livre, [14] ont expliqué, à partir de sa racine, par l’image de partis travaillant ensemble pour un bien commun. Paul se servit de ce mot pour viser ses collaborateurs (1 Cor. 3:9, Phil. 4:3 et 3 Jean 8). Un sixième concept est la missio Dei, le Dieu trinitaire qui s’approche du monde déchu. [15] C’est les but et plan que Dieu a révélés par le biais de l’ensemble de la Bible. Le peuple de Dieu fait partie de ce plan et se joigne à lui dans sa mission. Un septième concept comprend la grâce et l’amour. Dieu est amour, et cet amour, tel que la divinité l’a révélé devient la norme que le peuple de Dieu pratique dans ses relations mutuelles. L’amour agit par la grâce dans les relations interpersonnelles [16]. Un huitième concept est celui de l’ekklésia, l’église, celle universelle tant que celle locale par rapport à la missio Dei [17].

Van Engen fournit un bon résumé des raisons du partenariat basé sur Éphésiens 4:1 à 5:2:1) nous tous ensemble nous appartenons au Christ, 2) nous tous ensemble nous nous appartenons les uns aux autres, 3) nous tous ensemble nous exerçons nos dons de l’Esprit dans de ministères tant que nous participons à la mission de Christ, et 4) nous tous ensemble nous grandissons en conformité à la plénitude de la stature de Jésus Christ. [18]

En résumé, la littérature présente des concepts bibliques et théologiques qui expliquent comment les chrétiens, en tant que Corps du Christ, ont la capacité de collaborer en partenariat pour mission de Dieu.

LE COMMENT DU PARTENARIAT: RECHERCHES SUR
LE PARTENARIAT

Une grande partie de la littérature sur le partenariat traite du comment travailler ensemble. Ce sont des réflexions d’ordre pratiques pour surmonter les obstacles au partenariat. Nous avons mené une recherche spécifique sur les entraves au partenariat, ainsi que sur les pratiques initiales qui favorisent de solides partenariats. Un important concept de base pour le partenariat est le besoin de construire des relations et de développer la confiance, surtout dans le transculturel. [19] Body Matters d’Addicott et Well Connected de Butler traitent de méthodes spécifiques pour l’organisation et l’exécution des réunions, la définition d’objectifs, la rédaction de déclaration de fin, l’élaboration de vision commune, l’adoption de structure appropriée, la résolution de conflits, la gérance de relations interculturelles, la reddition de systèmes de comptes, la maintenance de contrôle, et la gestion des finances. Tous ces problèmes affectent le partenariat, tant que ce sont des gens de différents milieux et cultures qui essaient de travailler ensemble. Le partenariat entraine un processus de travail acharné.

La littérature expose plusieurs méthodes de recherche utilisées en réalisant d’études sur le partenariat. L’on se servit de nombreuses archives dans le glanage de vérités bibliques et théologiques concernant le partenariat, ainsi que pour la documentation sur l’histoire d’efforts antérieurs de collaboration. On assist a à plusieurs réunions stratégiques dont les documents découlant de ces discussions s’avérèrent importants, en particulier ceux du Mouvement de Lausanne. Les Documents occasionnels de Lausanne (DOL) furent rédigées en réponse à des discussions sur les tensions entre les rôles des églises locale et universelle dans l’évangélisation (DOL n° 24 [20]) et sur les entraves au partenariat (DOL n° 38 [21]). Des études de cas ont été largement utilisées dans les livres de Kraakevik, de Butler et de Taylor. Alvarez combina la recherche archivistique, la participation-observation, et les entretiens, en examinant un partenariat œcuménique entre deux dénominations. Il énonça dans une thèse qu’il s’agit d’un modèle réussi de partenariat véritable et mutuel.[22]

La promotion et l’étude des partenariats commencèrent au sérieux dans les années 1990. Des livres, articles et mémoires commencèrent à paraître. Une approche intégrée de méthodes s’avéra utile pour traiter de partenariats entre missions chrétiennes en raison d’une combinaison d’études de principes bibliques avec de recherches menées sur le terrain. La recherche intégrée combine des méthodes qualitatives et quantitatives dans une même étude. Dans sa thèse de 2007, Cross-Cultural Partnerships Characterized by Grace, Geoffrey Hahn se servit de méthodes qualitatives et quantitatives. Il fit une fouille d’archives pour en déduire des principes bibliques de Saint Paul sur le partenariat à partir de trois passages spécifiques:Ephésiens 1:4 à 10, 1 Corinthiens 12 et Ephésiens 4:1 à 6. Il présenta ensuite ses conclusions dans un atelier. Avant et après cet atelier, il sonda la compréhension des participant à l’égard du partenariat.

L’idée de partenariat stratégique pour avancer l’Évangile est bien établie depuis les années 1990 et se poursuit à ce jour. Les recherches revues [23] sur le sujet traitent principalement de la mise en œuvre pratique relative aux structure, questions de procédure, culture, résolution de conflit et comment mener des réunions. Toutes visent aux principes bibliques-théologiques du partenariat et se réfèrent souvent aux mêmes passages. Le thème constant c’est l’unité, tout comme la métaphore du corps. Plusieurs auteurs mentionnent des mots et phrases bibliques comme koinonia et synergos. En termes de théologie, la Trinité et les églises locale et universelle y sont discutées. Toutes les questions bibliques-théologiques traitées dans la revue de littérature s’aérèrent utiles.

Cinq questions théologiques se posent qui doivent être examinées dans le cadre du partenariat de missions dans la péninsule arabique. Tout d’abord et avant tout, il s’agit de la Trinité laquelle est la fondation pour les autres quatre questions théologiques et, par conséquent, du partenariat. Les quatre autres problèmes découlent de la Trinité et sont des clés qui informent le partenariat. Ce sont l’œuvre de Dieu (missio dei), le corps du Christ (qui comprend sunergos, koinonia, grâce et amour), les dons de l’Esprit Saint et l’église. Il est donc de valeur primordiale de se concentrer sur ces cinq questions théologiques, les rassemblant dans un corps de travail.

LE QUI DU PARTENARIAT

En 1991, par l’intermédiaire de la direction de Phill Butler (InterDev) et James Kraakevik (Centre Billy Graham), une consultation de travail eut lieu pour discuter du partenariat dans l’évangélisation du monde. Les quatre domaines abordés étaient: 1) partenariats intégrés pour atteindre les moins évangélisés; 2) partenariats entre églises, ce qui comprend d’églises occidentales et leurs homologues étrangers; 3) partenariats entre missions, ce qui comprend d’agences occidentales traditionnelles, aussi bien que de nouvelles agences émergentes non occidentales; et 4) partenariats dans le monde des deux-tiers. Plus de 60 personnes, provenant des cinq continents et de douze pays, participèrent à la consultation de travail. Quelques quarante-huit agences de mission et douze églises nord-américaines y étaient représentées. Le programme inclus des présentations sur les fondements bibliques, des études de cas et des exposés sur des principes fondamentaux relatifs à chacun des quatre domaines principaux.

Un livre, Partners in the Gospel:The Strategic Role of Partnership in World Evangelization (Partenaires dans l’évangile: Le rôle du partenariat stratégique dans l’évangélisation du monde) [24] est une compilation des documents présentés et des rapports des groupes de travail. Les quatre catégories énumérées donnent un solide aperçu des différents types de partenariats qui pourraient être entrepris. En outre, Bush a fait valoir que l’Épître aux Philippiens traite des partenariats, soulignant que Paul jouissait d’un partenariat avec une église spécifique, avec un groupe d’églises régionales et avec des individus, pour des raisons de l’Évangile. Le partenariat spécial entre Paul et l’Église à Philippes consista en un partenariat dans l’Évangile (1:3 à 5), un partenariat dans l’Esprit (2:1), l’unité en partenariat (2:2), des partenaires s’entraidant à croître (2:4 à 8, 3:20, 4:21), un partenariat en souffrance (3:10) et un partenariat financier (4:16). [25]

Warren explora «Le partenariat et l’idée œcuménique». Il nota certaines exemples de rencontres historiques pour des raisons de l’évangile, y compris Édimbourg 1910 et Evanston 1954. Il aborda également la relation entre chrétiens de l’est et de l’ouest à l’égard de l’Ordre Suprême. [26] Dans son livre Working Together with God to Shape the New Millennium (Travailler ensemble avec Dieu pour déterminer le nouveau millénaire), Tom Sine se référa au mouvement AN2000, à Lausanne et aux rassemblements internationaux de la AÉM. [27] Les chapitres quatre à sept de ce livre explorent de questions théologiques sur la collaboration entre différentes traditions, exposant et exprimant des différences qui existent au sein de l’église universelle.

En résumé, les partenariats peuvent être formés entre individus, églises, agences de mission ou en n’importe quelle combinaison de ceux-ci. Chaque entité dans un partenariat reste unique, et le niveau de sa collaboration pour l’évangile peut varier selon la tâche et la capacité de chacun de collaborer avec d’autres entités.

CONCLUSION

Cette étude est divisée en trois sections: le pourquoi du partenariat, qui traite de questions bibliques-théologiques; la procédure du partenariat, qui porte sur son fonctionnement pratique; et le qui du partenariat, qui se concentre sur de partenaires potentiels et leur tâche.

Une méthode intégrée combinant une fouille d’archives avec un sondage s’avéra appropriée pour cette étude dont le résultat se construit sur une plate-forme de connaissance biblique-théologique, contribuant à une théologie de partenariat entre missions chrétiennes.

ŒUVRES RECOMMANDÉES SUR LE PARTENARIAT
<http://ojs.globalmissiology.org/index.php/english/article/view/61/178>

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